Conclusion


Je suis depuis une semaine chez ma grand-mère. Elle même est en maison de retraite à quelques kilomètres. Elle y retrouve ses copines avec lesquelles elle fait tout l’hiver des tournois de belotes, de scrabble et de quiz. Entre celles qui ne voient rien, celles qui n’entendent pas, les désorientées, et les cyclothymiques, les parties sont pleines d’imprévu. Et j’ai droit à des récits humoristiques dont je ne suis pas sûre pour autant que l’humour soit toujours volontaire.
Je suis donc seule dans la propriété. J’aime la maison. Dans le cellier, il y a les confitures faites à la belle saison par ma mère, dans les placards du chocolat (Dès mon arrivée, j’en ai fait provision au village sans tenir compte des insinuations de la pâtissière curieuse de savoir si je recevais beaucoup d’amis). La connexion internet est excellente, et je peux me lever tard sans crainte d’entendre une gardienne vociférer sur le palier. La terrasse donne sur une combe, et le Luberon de l’autre côté, ressemble à une grosse baleine bleue.
Je me remets peu à peu du fait que j’ai failli mourir, prise dans le feu croisé d’un vieillard sanguinaire et de deux spécialistes anti drogues incapables de distinguer les criminels des innocents. Quand je pense qu’ils ont osé me suspecter ! Tous les efforts déployés ensuite pour m’éviter les séances de questions, témoignages en tous genre, et autres déclarations à signer pour les policiers et la Justice, n’ont pas réussi à désarmer mon courroux à l’égard de Rainer Waldvogel et Stanislas Valentin… Je dois admettre néanmoins qu’ils ont réussi à me protéger de la curiosité des journalistes qui se sont précipités sur l’affaire alors qu’il n’y avait eu aucune réaction après la mort d’Aziz.
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Maintenant, un mois s’est écoulé depuis que j’ai brisé une lampe de porcelaine dans la villa de Cassis.
Je ne veux pas savoir ce que vont devenir Bruaire, Claire ou Debresse le neveu de la gardienne.
Jeanne me téléphone de temps en temps. D’abord elle m’a donné des nouvelles de l’agence, mais bien vite elle a repris ses confidences malheureuses sur sa vie avec Kevin. Je dois dire que d’entendre ses plaintes me confirme dans mes choix de célibat. Je me raconte que mieux vaut ma vie aventureuse et polyandre (formé sur « polygame ») que le bagne ménager de la pauvre Jeanne. (quoique du point de vue de la polyandrie, ma vie soit plutôt réduite à une tipotandrie – du grec tipota qui signifie : rien…).
Je ne commence pas un nouveau roman, mais je prends quelques notes sur ce qu’il pourrait être. Je continue à recevoir des messages de Fidelic, sans Gustave Doré, et j’en suis bien aise. Je me demande encore qui il pouvait bien être. Les flics le savent, mais ne m’ont pas éclairée à ce sujet – à aucun sujet d’ailleurs. Ils voulaient mes mails, mais je ne les avais pas conservés. Et c’est vrai. Il a été question un temps de leur laisser mon ordinateur, mais Stanislas Valentin les a fait renoncer. (Tiens, pour une fois, il m’a rendu service.)
Je vais régulièrement rendre visite à ma grand-mère et recueillir les potins du jour.
Cet après midi je m’y prépare quand Rainer me téléphone. Il demande s’il peut venir me voir demain. Stanislas nous rejoindrait dans la soirée. Ces deux là ne se quittent plus. Ils m’emmèneraient ensuite au restaurant. Je lui ai dit que je les attendais. Nous dînerons ici, et ils pourront même y dormir. Les chambres ne manquent pas. Marseille est quand même à cent kilomètres.

Rainer est arrivé dans l’après midi. Je l’ai emmené visité le terrain autour de la maison : deux hectares de chênes blancs, d’yeuses, de genêts, de genièvres piquants, quelques pins et beaucoup de broussaille et de pierres. Il était un peu dépaysé. (Evidemment, cela manque d’eau pour un Flamand.)
Maintenant nous sommes assis près de la cheminée comme un vieux couple. C’est lui qui  a allumé le feu. (Il n’est pas très doué, et il a consommé un nombre considérable de feuilles de papier journal.) J’ai envie de lui parler de l’arrestation de Bruaire, et en même temps je n’ose pas.
Il devine, car c’est lui qui aborde le sujet.
- Tu as eu toutes tes réponses ? (unis par l'adversité nous avons décidé de nous tutoyer, en bons camarades de combat…)
- Pas vraiment. Il y a un tas de choses que je n’ai pas comprises. J’ai posé des questions aux policiers qui ont noyé le poisson…
- Quelles questions ?
- D’abord, qui est Gustave Doré ? Ensuite, comment est il possible que deux de mes photos aient disparu quand on a tenté de voler mon caddy, et pourquoi les ai-je retrouver dans mon sac des semaines après ? Enfin, qui a volé mon flacon de parfum ?
Rainer se met à rire.
- Tu vois, même toi, tu ne me prends pas au sérieux. (D’accord, j’ai un côté : « Club des cinq mène l’enquête»).
Je suis assez vexée. Cela me rend agressive :
-- Et l’attaque des loubards quand nous sortions du restaurant, c’était quoi ? Et pourquoi tu as fait cinquante kilomètres en Twingo alors que tu devais aller au commissariat du coin ? Et l’hématome sur ta pommette le lendemain, c’était vraiment un choc contre la portière de ma voiture ? Et pourquoi m’avoir raconté des salades à propos du chat de Bruaire ? Quel rapport d’ailleurs ce chat a t il avec toute l’affaire ? Et qui m’a aidée quand j’étais pommée dans les quartiers nord ? Et qui m’a suivie au restaurant le soir de mon anniversaire ?
Rainer lève les bras comme pour se protéger de mes interrogations :
- Du calme. Je peux répondre... Mais pas à tout…
- Gustave Doré, c’était Bruaire. Il s’est servi de ton inscription sur Fidélic pour entrer en contact avec toi, et éventuellement influencer tes comportements. De fait, tu es allée comme il le voulait devant le collège Pasteur à vingt et une heure.
- Et Stanislas et toi, pourquoi y étiez-vous ?
Rainer hésite avant de répondre. Il sent que ce qu’il va me dire me contrariera…
- Stanislas surveillait tes mails. Il avait intercepté celui qui te parlait du rendez-vous devant le collège. Mais il ignorait encore qui j’étais réellement. Il pensait que je travaillais pour Bruaire. J’aurais pu être ce Gustave Doré. Après tout, le ton des messages me convenait mieux qu’à un vieux monsieur. C’est donc à moi qu’il a répondu, et ceci en ton nom pour dire que tu irais au rendez-vous. C’est comme ça que j’ai été au courant, et que nous nous sommes retrouvés tous les trois. Enfin, tous les quatre avec Bruaire qui nous attendait en espérant sans doute que nous nous tirerions réciproquement dessus.
Je vois rouge :
- Stanislas lisait mon courrier ?
- Pas tout. Seulement celui qui transitait par Fidelic.
- Mais pourquoi Fidelic ?
- Parce qu’il avait intercepté les fleurs que t’avait envoyées : “Gustave Doré, le fidèle admirateur Fidélic“. Il a trouvé cela tout à fait anormal, et fait le nécessaire pour faire rediriger sur sa boîte la correspondance qui t’était adressée.
(Je suis vexée au-delà du descriptible)
- Stanislas lisait mon courrier (Mais que fait la CNIL ?), et en plus ne considère pas normal qu’on m’envoie des fleurs ! (Dommage que j’ai atteint seulement une lampe de porcelaine quand j’ai tiré sur lui.)
Rainer rectifie :
- Il se demandait qui pouvait écrire de pareilles choses sur un carton dans des fleurs…
- Evidemment, lui n’est pas du genre courtois… Le bouquet, des déclarations, ce n’est pas son style…!
- Tu ne crois pas qu’il a des excuses de ne pas avoir soupçonné Bruaire d’être ton admirateur ?
Je soupire. (Evidemment j’aurais préféré James Bradley, toujours – mais peut-être un peu jeune. Georges Clooney – mais un peu vieux. Colin Firth- très bien.)
- Et l’attaque des loubards après le restaurant ?
Rainer a l’air penaud (enfin, il devrait…)
- Oui, j’avoue. C’était un coup monté pour me permettre de me rapprocher de toi. Te laisser mes colis ne suffisait pas. Tu étais toujours aussi distante. Je te croyais mêlée à tout ce trafic. Je devais m’introduire un peu plus dans ton intimité pour tenter de comprendre quel était ton rôle dans l’affaire. Ce sont des gens de mon agence qui ont joué les loubards.
- Et la police ? Tu n’as pas été à la police ensuite avec ma Twingo ?
- Non. J’ai rejoint le bureau où je rencontre habituellement ceux qui travaillent avec moi. J’en ai profité pour récupérer mes clés que j’ai déposées dans une enveloppe sur le paillasson de la gardienne.
Il a un sourire (qu’il veut) charmeur :
- Mais l’hématome sur la pommette était authentique. Je me suis réellement heurté à l’angle de la portière entrant dans ta voiture.
- En somme j’avais deux amis, deux anges gardiens ? Un qui lisait mon courrier, et  l’autre qui s’ingéniait à me faire terroriser ?
Il n’a pas le temps de répondre. Nous sommes interrompus par le bruit d’une voiture.
Rainer se lève de son fauteuil.
 - Ce doit être Stani.
(Stani, non, mais je rêve ! Ils sont potes à ce point ?). Un léger coup de klaxon, une portière claque, Rainer se précipite. (Je n’ai pas le souvenir de tant d’empressement quand je sonnais chez lui…)
- Ne te dérange pas, je vais ouvrir.
(Je n’ai aucunement l’intention de bouger pour aller au-devant du grossier personnage qui s’est largement distrait avec les messages de mes soupirants. Je l’attends de pied ferme.)
Je les entends dans le hall. Ils rient et parlent fort. Rainer entre le premier dans le salon. Je lui trouve l’air ravi et idiot de l’enfant qui vient vous annoncer qu’il est premier en gymnastique (ou en histoire/géo, ou en anglais. Je n’ai rien contre la gymnastique.)
Derrière lui ce petit chou de “Stani“. (Comment peut-on être aussi ridicule ?)
Rainer s’écarte. Je ne vois pas tout de suite le visage de Stanislas Valentin. Il est dissimulé par un énorme pot de marguerites blanches qu’il presse contre sa poitrine, car une seule de ses mains est libre. L’autre tient un grand panier d’osier d’où dépassent deux bouteilles de vin,  un bocal qui pourrait bien être de foie gras, un ananas frais et d’autres victuailles que je n’identifie pas.
Ma colère s’atténue. Je m’applique à la raviver.
- Valentine, j’aimerais bien qu’on oublie ce qui s’est passé. Voilà des fleurs pour vous y aider.
(Allons bon, mais qu’a-t il à oublier ? C’est moi dont on s’est jouée, pas lui…) Je lui en veux toujours beaucoup (d'ailleurs c'est pour cela que je ne l'ai jamais invité au tutoiement), tout en admettant que mes raisons sont obscures.
Je me lève (dignement), et lui tends ma joue (froidement). Sans un mot je prends le bouquet et me dirige vers la cuisine. Ils me suivent (silencieusement).
Je mets les fleurs dans un vase, en me taisant toujours. Rainer veut détendre l’atmosphère :
- Veux tu que je me charge du dîner ?
Alors je réponds :
- Oui.
Et je retourne dans le salon. J’entends Stanislas, qui a posé le grand panier sur la table, dire qu’il a apporté tout ce qui est nécessaire à un bon repas. Rainer n’a qu’à mettre le couvert et réchauffer le confit de canard. Il ajoute, à voix basse, mais j’entends l’échange :
- Tu sais pourquoi elle  m’en veut ?
- A ton avis ? J’ai l’impression qu’elle n’apprécie pas que tu aies lu son courrier…
- C’était pour la protéger…
- Explique-lui, si tu as le courage…
- Reste ici, je vais tenter de faire ma paix avec l’iceberg…
(S’il pense m’amadouer avec ce genre de métaphore, il se plante… autant que ses marguerites.)
Je m’installe dans un fauteuil (de plus en plus dignement). J’attends que Stanislas Valentin se présente (humblement), et je prépare (intérieurement) l’expression (noble) de ma réprobation.
Mais il ne semble pas du tout contrit. Il s’enfonce dans le plus divan, étend ses grandes jambes jusqu’à m’imposer de reculer légèrement les miennes, et se frotte les mains avec un sourire des plus impertinents.
- Alors Valentine, il paraît que vous n’êtes pas contente parce que j’ai lu vos mails ?
- Cela ne vous paraît pas justifié ?
- Non. Ces pauvres garçons ainsi n’ont pas écrit pour rien. Parce que quelque chose me dit que vous êtes loin d’avoir ouvert tous vos messages. Ecoutez, je ne l’ai fait que par nécessité. Je pensais bien que vous étiez innocente de tout ce trafic, et je vous voyais entre les mains de Rainer que je suspectais. Je devais vous protéger…
- Vous n’avez rien à me dire concernant toutes les agressions que j’ai subies, sans parler du vol de mon caddy, de mes photos, de mon parfum, du colis de Rainer ? Lire ma correspondance ne vous suffisait pas ? Quand je repense à ce que vous avez fait, Rainer et vous, je me dis que vous avez un sale métier. Un métier de voleur et de menteur.
- Vous préféreriez que des gosses continuent à sucer du Fentanyl ? Vous croyez qu’on ne se salit pas les mains quand on s’attaque à la crasse ? Vous vouliez peut-être qu’on lutte contre Bruaire, et son trafic en armure de Chevalier avec une lance et une épée, et qu’on vous balance une rose à la fin ?
(Tiens, je l’ai vexé…) Il poursuit :
- Oui, quand j’ai récupéré votre sac et votre caddy après que Bruaire les a eu fait voler par un de ses gamins, j’en ai profité pour prendre les deux photos d’identité racornies (non, je ne bronche pas) qui traînaient entre vos clés et vos mouchoirs. J’en avais besoin pour vous faire surveiller si vous aviez été coupable, protéger si vous aviez été innocente. Et ça n’a pas été inutile quand vous avez commis la folie de vous balader seule la nuit dans les quartiers nord. Mais je vous ai rendu ces photos quand, n’écoutant que votre perspicacité, vous êtes allée secourir ce pauvre Bruaire que vous entendiez gémir, avez-vous dit aux flics. Je ne vous ai volé  aucun flacon de parfum. C’est Rainer qui l’a pris quand il a dormi chez vous.
- Pourquoi ?
- Il cherchait le chef du réseau lui aussi. Il avait beau avoir infiltré le groupe, il ignorait qui était le meneur. C’était peut-être vous. C’était peut-être moi. Il voulait faire suivre vos déplacements plus facilement. Votre parfum est reconnaissable…
- Je ne suis pas seule à en porter.
- Mais dans les endroits qui l’intéressaient, vous auriez été la seule. Mon eau de toilette, c’est autre chose
- Et Bruaire ?
- Nous ne le soupçonnions pas vraiment.
- Point de vue perspicacité, je n’ai donc rien à vous envier… Sauf que moi, je ne suis pas du métier. Et le chat ?
Stanislas marque un temps d’arrêt :
- Quoi, le chat ?
- Pourquoi m’avoir fait croire qu’il n’était pas au chenil, quand Rainer assurait le contraire.
Il soupire :
- On peut dire que vous allez droit à l’essentiel. Tout le monde se fichait du chat. Bruaire ne l’avait pris que pour maintenir son image de vieux monsieur gentil à toutou - minet. Rainer ne souhaitait qu’une chose : que vous ne l’embêtiez plus avec cette bestiole. Il vous a dit de quoi vous calmer… Et moi je voulais seulement vous persuader que j’étais un assistant vétérinaire consciencieux. 
- Bref, tout le monde s’est servi de moi. Bruaire, vous et Rainer. Finalement, le seul qui m’ait voulu du bien, il en est mort. C’était Aziz…
- Oui. Enfin, c’est quand même lui qui m’accusé de vous avoir  bousculée sur le Prado. Si je ne vous avais pas retenue, vous ne vous seriez pas amoché que le genou…
(Il ne manquait plus que ça ! Je dois faire une drôle de tête.) Stanislas se reprend.
- Enfin, je ne crois pas qu’Aziz ait voulu vous faire du mal. Il voulait seulement, comme l’avait ordonné Bruaire, que vous vous méfiez de moi… Mais quand il a vu la scène, il a bien compris que sans moi, vous passiez sous les roues d’une voiture, et que c’est ce qu’espérait celui qui vous a poussée. Aziz a dû menacer Bruaire de vous mettre au courant. Voilà pourquoi Bruaire s’en est débarrassé.
Je me sens très malheureuse. (L’infâme Stanislas s’en aperçoit. Il essaie d’être gentil.)
- Contrairement à ce que vous pensez, nous étions trois à veiller sur vous : Aziz, Rainer et moi.
Il ne me voit pas hausser les épaules. De loin, Rainer nous interrompt.
- Je ne trouve rien, même pas une casserole. Help !
Nous nous levons, et dans la cuisine j’ouvre mon congélateur :
- J’avais tout prévu pour le dîner.
Les deux garçons semblent ahuris devant le nombre de barquettes et boîtes empilées les uns sur les autres… (Ben quoi, ils n’imaginaient quand même pas que  j’allais leur mijoter des petits plats ?  Bien la peine d’avoir suivi mon profil sur Fidelic. )
Stanislas recule d’un pas.
- Non, non. On va s’arranger autrement. J’ai apporté tout ce qu’il faut. Il suffit que vous sortiez les récipients et du pain - à décongeler – si vous n’en avez pas de frais. Je mets la table. Où sont les assiettes ?

Après le dîner, je les invite à dormir ici. Mais ils préfèrent rentrer à Marseille. Au moment de partir, l’un et l’autre semblent émus.
- Quand reviens-tu à Marseille, demande Rainer ?
- Quand puis-je vous revoir, dit Stanislas ?
Est-ce l’effet Fidélic ? Je fais intérieurement leur profil en les regardant, sur le pas de la porte, l’un à côté de l’autre : un blond, un brun, un doux, un bourru, yeux verts, yeux noirs. Tous deux beaux garçons, intelligents, courageux, autant dire séduisants. Jeanne en aurait des palpitations. Elle préférerait Rainer. Anna demanderait illico à Stanislas s’il ne veut pas l’inviter à l’opéra toutes affaires cessantes. Et moi, je les regarde avec amitié, et même - l’avouerai-je - reconnaissance. Oui, même Stanislas. Mais, je n’ai nullement envie de leur plaire (d’ailleurs, ce doit être déjà fait. Comment serait-ce autrement ? Inutile donc de me fatiguer.).
Je réponds évasivement. Ils n’insistent pas. Rainer semble vexé, et Stanislas me lance un regard (non je ne rêve pas) fiévreux….
Ils ne sont pas encore tout à fait partis que déjà je les oublie.
Enfin, ils quittent la propriété, s’éloignent. J’entends s’effacer le bruit des moteurs.

Je me découvre seule, un peu surprise du silence dans la maison. Alors je m’installe devant mon ordinateur. Je tiens la première phrase de mon roman. J’écris : Chapitre 1, et en dessous : « Il faut marier Valentine ».

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